Prière d’un Covidé long

 

Drôle de vie en demi-teinte que celle d’un Covidé au long cours, dont l’ombre solitaire se promène, comme étrangère à elle-même, avec ses parfums d’autrefois lamés de regrets et ses airs d’avenir parsemés d’incertain…

Nos ombres auraient la couleur de nos âmes dit-on aux reflets de nos yeux ! Que vous disent alors mes larmes essuyées d’une main ? Que vous disent de mon âme mes larmes asséchées ? Ne pas renoncer ! Ne pas désespérer !! Chanter sous la pluie et pleurer à chaudes larmes ! Espérer ! Tant qu’elles coulent, c’est que je vis !

De l’autre côté de l’ombre est le soleil…

Je suis un époux évaporé, un père perdu, presqu’un souvenir d’un temps qui n’est plus, comme un disparu qui surgit de temps en temps avec un air de déjà vu aux regards de ceux qui l’on aimé et doutent soudain que ce soit lui…   Je suis un pantin désarticulé aux mains expertes d’un artiste devenu fou derrière son rideau, un clown désemparé qui s’agite en vain en grimaçant un sourire contraint qui déchaîne les foules, cachant sous son maquillage coloré les craquelures de sa vie. Je suis le peuple juif poursuivi par les armées de Pharaon, face à la mer, désemparé devant l’inaccessible passage qui le condamne à l’exil, sous la férule d’un maître sans pitié…

 

Donnez-moi la force d’un regard qui relève, la chaleur d’une main que se serre, l’étreinte de vos bras et l’éclat de vos rires ! Donnez-moi ces petits riens qui sont tout ! Une pensée, un sourire, un clin d’œil,

une larme, de joie surtout ! Donnez-moi votre patience comme vos impatiences pourvu que cela me pousse vers l’avant ! Donnez-moi ce que vous avez, de l’amour, de l’amitié, de la camaraderie, …. tout ce qui réchauffe les cœurs ! Ces petits mots pleins de chaleur, ces silences où tout est dit…

 

Ne pleurez pas ! Ne criez pas à l’injustice ! Ne me plaignez pas ! Ces choses-là ne servent à rien… Révoltez-vous si vous le voulez, mais pour vous-mêmes, pas pour moi ! Je n’ai besoin de rien d’autre que de savoir que quel que je sois je suis pour vous un frère, un ami, un époux, un père… Celui qui peut vous faire rire, espérer, grandir et dont la place est d’être là, tout simplement vêtu de ce qu’il est et non de ce qu’il aurait dû être ou pu être, précédé de tant de si, suivis de tant de points de suspension…

Je ne vous demande rien que vous n’ayez en trop ! Rien que vous n’ayez pas déjà !  Rien que vous ne puissiez faire ! Je prends ce que vous me donnerez de tout votre cœur, d’amitié ! Car je le crois, c’est à l’ombre de vos dons que se cache la grâce !

Et si d’aucun ne vous demande qui je suis, dites simplement que je suis une ombre dans vos mains jointes attendant patiemment une aube nouvelle. Et si vous ne croyez pas, levez un doigt vers le ciel et espérez avec moi ! C’est ainsi  paraît-il que font les extraterrestres perdu sur une terre hostile et qui veulent rentrer à la maison…

 

19 avril 2021

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

A tous ces petits....

Plaidoyer d'un expatrié pour la langue française...

Mort pour rien ?