Plaidoyer d'un expatrié pour la langue française...

 J'ai passé de nombreuses années en terre étrangère, près de la moitié de ma vie. J'y suis même né... Sans prétendre être un expert, je suis le témoin de ce que le Français ne laisse jamais indifférent ! Autant sa suffisance crasse agace que son art de vivre suscite une certaine admiration. Ah ! le Français et sa langue... En voilà deux qui vont bien ensemble !!!  


Le Français et sa langue, le français ! Voyez, chers amis, comme une simple lettre change tout ! D'une majuscule, on fait un homme ! D'une minuscule, le voilà qui devient langue... Car les mots, lettre après lettre, ont ce pouvoir de dire de nous ce que nous sommes. Mot après mot, ils donnent à l'âme cette faculté de prendre corps dans une subtile alliance de vocabulaire, de grammaire et de syntaxe et révèlent la pensée.

Révéler la pensée, se faire comprendre ! Partager, expliquer, faire rêver,... , voilà la fonction première d'une langue ! Même parler pour ne rien dire nécessite de passer par ce processus complexe que l'on nomme le langage! Les mots ont en effet un pouvoir démiurgique sans pareil en ce sens qu'ils donnent corps à la pensée et la structure pour la rendre audible ou lisible, cohérente et accessible. Cela est vrai pour toutes les langues, mais bien plus encore pour la langue française dont la complexité est sans égale ! 


En effet, le génie de  notre langue réside dans sa capacité à exprimer les choses avec une palette  exceptionnelle de nuances. Celle-ci, en jouant sur les mots, leur nature, leur place dans la phrase, leur rapport les uns envers les autres ou leur orthographe, donne à la langue française cette capacité unique de transcrire les profondeurs de l'âme ainsi que sa complexité ! 

Verbe, le mot nous fait agir ou être; conjugué, il nous situe sur l'échelle du temps passé, présent ou à venir, et nous indique s'il s'agit d'une réalité, d'un souhait; adjectif, le voilà qui nous caractérise et nous nuance sur les échelles toutes relatives de la beauté, de la bonté de l'intelligence, etc., selon qui tient l'échelle... ; adverbe, il modifie de quelques lettres innocentes ce à quoi il se rapporte, tandis qu'article le voilà qu'il nous attribue un genre et un nombre.  Homonyme, les mots disent d'un même son des choses différentes tandis que synonymes s'emploient à dire la même chose différemment... Enfin, interjection, ils permettent aux émotions de déchirer d'un cri surprenant l'air que nous respirons... Ce modeste panel laisse déjà entrevoir toute la richesse de la langue qui est la nôtre. 

Car il faut bien le dire, notre langue est la nôtre ! Avec ses couleurs, ses rythmes, ses sons, ses particularités, la langue française est en effet l'incarnation-même d'une âme et d'une pensée particulières, d'une façon d'être et d'appréhender et de concevoir le monde qui nous entoure et d'en parler. Vous aurez ainsi noté, en début de paragraphe, l'homophonie entre "notre", adjectif qualificatif, et "nôtre", pronom possessif et à ce titre duement précédé d'un article et surmonté d'un joli chapeau ! Celui-là même (encore un !) que beaucoup voudraient faire tomber dans l'abîme (Zut ! un autre ...) de l'inculture en vogue.  Quelle langue en fait autant, avec autant de grâce et de subtilité ?

Chapeau l'artiste ! 


Imprégnée d'une histoire millénaire où elle a puisé inlassablement, la langue française est l'outil avec lequel le peuple français exprime son identité propre et son rapport aux choses de ce monde et d'ailleurs. Ainsi notre langue a-t-elle cette particularité exceptionnelle de faire passer la nuance au travers non pas tellement de sa mélodie, mais plutôt des mots choisis, de leur ordonnancement, de la ponctuation, de ses accords.... Plutôt "penseur introverti", la langue traduit dans sa grammaire, son orthographe et sa syntaxe la complexité de la pensée française, très intellectuelle, très tournée vers la poésie, la philosophie et les sciences humaines, tous domaines qui nécessitent une riche palette pour en traduire les subtilités. D'autres peuples, plutôt marchands ou scientifiques, usent d'un langage plus simple, plus direct et efficace. Il suffit de voir la capacité qu'ont les Anglais ou les Américains à forger des slogans brefs et percutants, exprimant en quelques mots ce qu'il  nous faudrait à nous Français bien des lignes pour en dire autant... Le français ne chante pas non plus comme les langues asiatiques, où l'intonation seule change tout... Les unes sont pinson ou chardonneret, les autres corbeau ou geai, merle ou grive... Selon comme elle chante, la langue varie à l'inverse en complexité grammaticale et syntaxique ! Le français est ainsi devenu une langue qui exprime ses nuances par la grammaire, l'orthographe ou encore la syntaxe. 

Car si la langue française n'est pas la plus riche en vocabulaire, très nettement devancée par la langue anglaise, elle compense en effet cette apparente faiblesse par une profusion inégalée de formes, de temps et d'accords, ou encore une ribambelle exclusive d'accents plus ou moins inaudibles mais bien visibles. Et voilà qu'en sus, le Français se piqua d'imaginer ces lettres aux sonorités et aux fonctions changeantes  selon les associations ou le nombre, au sens de singulier ou pluriel, à l'image de ce "s" qui se prononcé tantôt "se" ("site" ) ou "ze" ("ruse" ) , voire ne se prononce pas ("recours" ) ou vient simplement marquer le pluriel à la fin d'un mot ("tombes" )... ou pas ("un ours", "des ours") !  A moins qu'il ne soit  à remplacer par un "c" ou un "ç" ("facile", "façade" ) ou un "x", ("un château", "des châteaux"), selon le cas! ... 

... Magie des "fils tissés par les fils du tisserand, ce marchand marchant vers le marché où il arrive après avoir tant marché. Il en profitera pour acheter du pain à l'ombre des grands pins dépeints par un père prévenant sur une paire de feuillets, en nombre impair..." Ouf ! nul n'eut l'idée de jeter les feuillets aux feuillées... 

Et comme cela ne suffisait pas, voici que le Français, dans son génie créatif poussé à l'extrême, eut encore cette idée folle d'inventer le principe ô combien subtil ! de l'exception qui confirme la règle !!! 

Messieurs, chapeau bas ! 


Nous sommes ainsi les héritiers d'une langue extrêmement complexe, laquelle dit de nous exactement ce que nous sommes: des rêveurs, des prétentieux, des philosophes mâtinés de cartésiens, des poètes ou écrivains, les inventeurs des Lumières et les fils de la Révolution, des étendards de la liberté sans pareils pour inventer des normes follement castratrices, les tenants mordicus d'une exception qui ne saurait être que française,... Bref, des incompris ! Oui, mais fiers de l'être... 

Par nature, le français, ou le Français ! a donc cette capacité exceptionnelle de rendre compte à sa manière d'un monde intérieur comme extérieur compliqué. Et si elle est un héritage d'un passé qui, par définition, n'est plus, elle est aujourd'hui, dans un monde de plus en plus complexe un atout hors du commun pour en saisir le sens et exprimer les solutions qui permettront de rester maître de notre avenir, dans un contexte de compétition internationale exacerbée. Or curieusement beaucoup apppelent chez nous, à ce moment précis de l'histoire de l'humanité, à une simplification à outrance de l'orthographe, de la grammaire et de la syntaxe au nom de l'égalité inter-classes et plus encore de l'égalité homme-femme, du libre-choix de son genre et autres théories susceptibles de libérer l'humanité des carcans culturel, social, anthropologique, religieux etc., etc.

Curieusement, mais peut-être ais-je l'esprit trop critique, c'est-à-dire bien français, ce qui quelque part me rassure..., cette exigence de simplicité s'exprime par le biai d'une logorrhée indécente de complexité, dont nos pédagogues et autres pédopsychiatres de l'Education nationale ont seuls le génie ! Combien d'hommes et de femmes ont ainsi perdu un métier qui disait clairement ce qu'ils étaient pour un autre qui dit de manière alambiquée ce qu'ils ne sont pas devenus ? Combien d'objets en un seul mot, parfaitement identifiés, perdus dans la fumée pompeuse d'un concept abscond ? "Requiem pour une femme de ménage" pourrait être le nom de code de cette opération subversive !  Courage ! à ces pauvres enfants sommés de jouer désormais au "référentiel bondissant à trajectoire aléatoire" (serait-ce un ballon ?) dans la cour de leur école ou de bien vouloir  lever le doigt avant de faire part de leur "intuition personnelle cognitive" à la question posée (soit donner une réponse....). Comment ne pas se déplacer verticalement en milieu aquatique (se noyer, par opposition au déplacement vertical qui, lui, permet de flotter sur l'eau) quand il s'agira de comprendre le quoi, le  comment et le pourquoi des choses et de les exprimer ??? 

Si ce n'était si grave, sans doute m'inclinerais-je devant tant de génie ! Mais voilà, je n'y arrive pas! 

Car j'estime en effet que la langue n'est plus au service de l'expression, orale et écrite, de la pensée humaine mais sans doute, ou peut-être, d'un but politique non avoué: appauvrir l'esprit pour mieux le dominer ! À mon sens, ces gens-là, avec la complicité de ce.lui.ux.l.l.e.s (Et non ! c'est pas une faute de frappe,  c'est un essai illustratif d'écriture post-moderne !) qui les soutiennent en suscitant leurs recherches ou en usitant leurs trouvailles improbables sont ainsi devenus les acteurs d'une révolution fossoyeuse du génie français, fabrique à crétins bientôt incapables de s'exprimer intelligiblement, ainsi que les complices d'une sorte de déshinibition de la violence, gage de l'éclatement à plus ou moins long terme du savoir-vivre ensemble, sinon du vouloir-vivre ensemble, c'est-à-dire de la cohésion nationale. 

Car je suis véritablement de ceux qui pensent que lorsque l'homme n'est plus capable de mettre des mots sur ses sentiments, il traduit dès lors en gestes ce qu'il pense ou ressent: la haine, le désir et tout ce qui a trait aux sentiments primaires d'une humanité en mal de soi quittent alors la gange protectrice, sinon salvatrice, de l'expression écrite ou orale et transforment le poète et le philosophe en sauvages brutaux et sans pitié ! Comment en effet crier sa colère à la face du monde quand les mots viennent à manquer ? Comment exprimer son désir quand la nuance s'en est allée ? Les seuls instruments qui restent, quand le langage disparaît, sont hélas les pieds et les mains. Et des mains et des pieds en colère, des mains sans nuances, ce sont des coups qui tombent... 

Que dire encore de cette volonté d'imposer à tout prix dans le langage une sexualisation des mots indiquant les fonctions, les métiers et grades? Au nom qui plus est d'une théorie qui prétend défendre le  "non-genre" du langage au nom de l'égalité ! Si certains métiers ont su se "féminiser"  fort à-propos (infirmier, avocat, etc.), voilà qu'il faudrait faire de même pour tous, au risque de quelques barbarismes disgracieux et ridicules dont quelques exemples sont cités un peu plus loin. Et tant qu'à réformer ce pan des métiers, autant y traiter au passage également grades et fonctions... Quitte à oublier que ces derniers, en dépit d'un genre grammatical d'apparence masculine, faute de neutre, ne font pas de distinction entre femmes et hommes, non pas qu'ils soient exclusivement masculins comme on voudrait nous le faire croire mais parce qu'ils désignent "l'être humain" qui les détient ou les exerce ou, si vous préférez, non pas l'homme ou la femme mais "l'Homme", homme ou femme avec ce superbe "h" majuscule prophétiquement inclusif ! À charge du locuteur, ou du rédacteur, de lever le "doute" via la magie du contexte et des accords. Ô magnifique et sublime gradation transparente, induite, dans un apparent manque de nuances ! 


La force de la République fut, jusqu'à il y a peu, de réussir à mettre au niveau de notre langue la grande majorité des  citoyens, toutes classes confondues. Que de beaux fruits y trouvèrent la nourriture qui les rendit si exquis ! Aujourd'hui, après des décennies d'abandon culturel, voici qu'il faudrait mettre notre langue au niveau du peuple sacrifié sur les bancs de l'école et noyé sous un jargon inutilement prétentieux, obscure,  et imprécis, à tel point que, le pauvre ! il ne peut plus sortir la tête de l'eau ( ou son contenant idéologique ou cognitif, si vous préférerez !). 

Adieu donc douces symphonies de Molière, Racine,  Proust, Péguy,...! Adieu, les phrases ciselées d'un Desproges, les dialogues de fine dentelle d'un Audiart... Vivent les Sympsons et le phrasé des dealers de banlieue !  Vive les "maîtresses-principales" et "premières-maîtresses" à bord de nos navires. Je ne doute pas qu'elles soient accueillies avec gourmandise par les membres masculins des équipages... Vive également la féminisation de "colonel". Pour ce cas précis, au nom du génie linguistique et du sens profond de la nuance de la langue française que je ne cesse de mettre en exergue, je propose que l'on écrive "colonèle" pour l'armée de Terre et "colonelle" pour celle de l'Air et de l'espace. Cette subtilité permettra de distinguer au premier regard celle qui, munie de deux "ailes", a vocation à voler... Elle aura de plus l'immense avantage d'entretenir le mythe fondateur d'une langue colorée, subtile et exigeante ! 

Ainsi donc, alors que le monde se "complexifie" sur l'ensemble du champ des possibles, il faudrait que le langage, lui ! se simplifie à l'extrême ? Que l'outil de la pensée profonde perde ses accessoires adaptés à chaque besoin d'expression ? Oui ! la magie d'une langue, sa force et  son pouvoir libérateurs résident dans la capacité que nous avons, qui que nous soyons, de faire vivre par nos mots la grandeur des Rois ou de l'Empire, le soleil d'Austerlitz comme la chute de Waterloo, de transcrire la beauté d'un coucher de soleil comme l'horreur de la St-Barthélemy, l'attente de Ste-Hélène, le drame des tranchées, la beauté d'une courbe.. , bref, nos émotions ! 


"Écris comme tu veux... pense comme tu peux !" sera-t-elle bientôt  la devise inscrite aux frontons de nos écoles ? À faire l'apologie de la facilité, nous faisons le lit de l'imbécilité, manœuvre suicidaire face à un monde de plus en plus complexe et dangereux!

Non ! je ne suis pas un fervent défenseur d'un élitisme ou d'un machisme surranés ! Notre langue peut et doit évoluer, ainsi qu'elle a toujours su le faire, se nourrissant de chaque jour qui passe. Mais elle doit s'enrichir pour que la pensée de chacun puisse s'exprimer pleinement et non s'appauvrir  sous couvert d'en faciliter l'usage aux ignorants ! Elle doit également continuer à s'inscrire dans le roman national, c'est-à-dire respecter et la lettre et l'esprit qui lui ont permis d'atteindre le niveau de splendeur qui est le sien et qui frappe tant de gens à travers le monde, subjugués par ce monument  colossal qu'ils s'essaient à gravir à la force du poignet, avec un infini respect. Nos frères québécois donnent ainsi l'exemple que cela est possible: le génial "clavarder" en est une belle illustration, étonnante d'inventivité respectueuse de la langue et de ses usages !


Moi, je veux des accents graves, aigus et circonflexes, et même des tildes bretons! Je demande des sots, des sceaux et des seaux chacun à leur place, prêts à servir ! J'exige du présent, du futur antérieur, du passé simple et composé, du subjonctif et du plus-que-parfait, de l'impératif et du  conditionnel pour me repérer dans le temps et savoir si je dois m'exécuter ou si c'est juste un souhait qui me laisse le temps, sinon le choix. Moi, je souhaite plus que tout pouvoir éviter de caresser le shah et de saluer le chat ! En bon fils, je désire pouvoir manger des haricots, mais sans fils... J'aspire à nager et jouer au ballon en toute simplicité et j'entends éviter de séduire la pharmacienne et de subir les foudres de son époux, car la pharmacienne est sienne... 

Je veux, je désire, je souhaite, j'aspire à, j'exige,... Quelle soif de nuances ! Quelle variation de teintes ! Tant de bémols à l'exigence absolue, tant de diplomatie ! Vous reprendrez bien un soupçon de différence, non?


Oui ! la langue française n'est pas fille facile ! Elle a du caractère et ne se laisse pas accoster à la hussarde ! Séduisante et désirable, elle a le chic de faire attendre et de ne dévoiler que ce qu'il faut à ses prétendants, par petites touches délicates. Elle vous montre son passé simple, rassurant, puis vous dévoile au tournant d'un souvenir qu'il peut être aussi composé; elle vous ouvre son futur immédiat, vous laissant croire subtilement que vous en faites partie et patratas ! le voilà qui devient antérieur...  Il faut essayer de la comprendre: quand on a sa beauté, les prétendants sont en nombre ! 

Mais si elle n'est pas fille facile, elle n'en est pas moins bonne fille avec ceux qui osent l'approcher sans crainte des efforts persistants qu'elle exige pour se donner. En maîtresse habile et dévouée, mais exigeante, la voilà qui vous pousse chaque jour à aller de l'avant  et vous permet de parler, d'écrire, de penser et de rêver à l'infini dans ses bras et d'élever au-dessus de sa couche votre pensée en une farandole joyeuse et éternelle de mots choisis, tous à leur place dans la ronde qui s'étire, bras dessus, bras dessous comme font les bons amis !

Combien d'œuvres admirables sont-elle ainsi nées pour la beauté d'une femme ? Et il faudrait que nous défigurions cette sainte femme qu'est notre langue ? 


Oui ! sainte femme que la langue française qui ne s'offusque jamais d'une erreur, sous réserve qu'on en demande humblement pardon ! Sainte femme, généreuse, accessible à qui la désire vraiment, mais de grâce en chevalier servant et non en soudard écervelé ! Sainte femme encore qui nous accompagne au jour le jour et nous donne les mots de nos émotions, là sur nos lèvres, ici au bout de notre plume, là-bas dans le silence de nos cœurs ! Sainte femme enfin qui accomplit aussi ce miracle de faire vibrer nos mains à l'unisson de nos lèvres et transparaître sur nos visages, dans nos rires et nos larmes, la vie qui nous anime ! Que de beauté, que de grâce, de magnificence... 

 Se pourrait-t-il que les mots me manquent ? Ou que le silence contenu dans trois tout petits points en disent d'avantage et bien mieux ? 


De grâce, respectons ce cadeau du  Ciel ! Le monde ne survivrait pas à sa disparition, pas plus qu'il ne gagnera à le voir diminué physiquement, blessé par tant d'anglicismes inutiles, de temps disparus, de sexisme inversé, ... 

Am HirschPark, Hambourg, le 5 septembre 2021. 


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