Clap de fin

 

Voici désormais deux ans que je me balade de jour en jour, heure après heure, dans ce dénommé Covid long ou long Covid, ou encore syndrome post-Covid… J’avoue avoir une préférence pour ce dernier terme. Car si les deux premiers portent l’accent sur la notion de durée, et croyez-moi deux ans c’est long ! le dernier laisse mieux entrevoir la souffrance et les difficultés qui se cachent au-delà des mots…


Cinquième vague, sans doute la sixième qui viendra bientôt s’écrêter au large de nos côtes, avant de se répandre derrière les dunes érigées depuis le premier déferlement de cette maladie. De vague en vague, nous avons appris à vivre sous contraintes, contre le COVID, mais avons-nous appris à vivre avec ?

Nous, les post-Covid, capitaines au long cours naviguant à l’estime le long de rivages incertains, nous avons dû apprendre à vivre avec ! A nos côtés, nos proches aussi… Pas le choix ! Peu nous importe le nombre de vagues à déferler, nous sommes pareils de l’une à l’autre, ballotés sans cesse sur nos canots de sauvetage devenus fous !


De ce triangle des Bermudes où nous avons disparus j’ai la chance de surgir parfois. Ce n’est pas le cas de tous ! Certains ont bu la tasse et n’ont jamais repris souffle tandis que d’autres, comme moi, reviennent régulièrement en surface, plus ou moins longuement, respirer à plein poumon un air de vie d’avant. Elle souffle !


Elle souffle ! C’est assez pour reprendre le fil d’une vie d’avant ? Rien n’est moins sûr, mais je constate avec délice que l’air frais avalé à pleins poumons s’offre plus fréquemment qu’avant. Le signe qu’il ne faut jamais renoncer d’une vague à l’autre, celui qu’on a toujours raison d’espérer et que l’amour des siens est une bouée efficace ! 


C’est aux miens que je veux rendre hommage au travers ce dernier petit texte. Sans eux, sans mes courageux, sans doute aurais-je sombré…  Mais ils ont tenu bon pour moi quand je n’avais plus de forces ; pour moi, ils ont nagé dans le grand bain de l’incertitude à mes côtés, s’offrant comme une bouée, un dernier refuge ! Pour moi, ils ont fait comme si de rien n’était malgré leur inquiétude vive, malgré le poids à porter. On a pris soin de moi, mais qui a pris soin d’eux ?


Je vais mieux. Je ne vais pas bien, je vais mieux ! C’est bien, d’aller mieux ! Mais c’est mieux d’aller bien, me direz-vous… Il faut pourtant savoir sourire de ce qui s’offre à soi car d’autres n’ont pas cette chance… On peut regarder derrière soi, le cœur empli de regrets, ou devant avec l’âme pleine d’espérance et d’envies. J’ai fait mon choix ! 


Je referme cette page désormais car j’estime avoir appris à vivre avec. J’ignore si demain sera mieux ou pire mais comme ma vie va de l’un à l’autre depuis si longtemps que pourrais-je dire de plus que ce que j’ai essayé d’exprimer ? Rien que vous ne sachiez déjà…

Je referme cette page avec une pensée émue pour Jean-Louis. Jean-Louis est mon médecin et mon ami. Il m’a soigné corps et âme tout entier avec ce savoir-faire des Grands, qui savent écouter, prendre le temps, accepter l’échec tout en donnant des perspectives.  Jean-Louis nous a quitté peu avant Noël, brutalement, sur une table d’opération. Il est là tous les jours, profondément inscrit dans mon cœur ! 


Morgen ist auch ein Tag! 

Graz ha Speret!



Hambourg, le 07 avril 2022











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