Ce qui me peine

 Ce qui me peine aujourd'hui dans les débats ce n'est pas qu'il y ait des pro et des anti. Chacun sait que de la confrontation des idées naissent les bonnes solutions, les avis éclairés et, in fine, les meilleurs décisions. Non, ce qui me chagrine c'est cette incapacité à écouter, entendre, argumenter et contre-argumenter dans le calme, la sérénité et le respect de son contradicteur ! C'est cette manière de considérer de facto que se qui s'oppose à ses propres idées est une atteinte insupportable à la vérité détenue, devenue unique et exclusive, au point de de considérer son contradicteur comme un ennemi. Plus besoin alors d'argumenter pour convaincre ! Plus besoin d'ailleurs de convaincre... L'ennemi doit être non pas combattu mais abattu ! Pire encore, l'ennemi ne mérite pas qu'on le respecte, au point qu'on lui enlève peu à peu, d'argument inefficace en argument inefficace, son humanité. 

En appeler à la raison ? Inutile sans doute car il n'est pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre... Mais n'est-ce pas justement cette apparente inutillité qui nous oblige à agir ? La grandeur de l'homme n'est-elle pas justement dans cette capacité à faire l'inutile, à défendre les causes perdues ?

Les grandes défaites ont pour cause première cette suffisance crasse qui conduit à se croire supérieur et pousse au mépris des idées d'autrui, avant d'amener au pur mépris d'autrui, dont on ne sait trop jusqu'où il peut conduire... Pour ou contre, il ne faut jamais l'oublier ! Pour ou contre il ne faut pas oublier non plus qu'il s'agit de convaincre et que n'est convaincu que celui dont on a su, à force de patience, de justice, d'équité,... gagner le cœur ! 

Cette nécessaire capacité à vivre ensemble malgré les différences, les désaccords, n'est-ce pas ce qui se cache dans notre devise ? 

FüAk, le 11 janvier 2022.