La liberté perdue est un don



La liberté perdue est bien plus qu’un souvenir
Qui s’étiole doucement de jour en jour, sans avenir,
Comme s’étiolent les rêves au petit matin dissolus,
Sans que l’on sache vraiment s’ils ont été et ne sont plus.
Elle se donne en silence, sans un mot, sans remous,
Pour que puissent vivre les plus fragiles d’entre nous,
Et que la vie reprenne sa marche auprès de nous.

 
Pour tous nos compagnons de route, elle a frémi
Comme frémissent les mères pour l’enfant endormi
Tendrement serré entre leurs bras protecteurs
Quand le danger menace l’enfant si cher à leur cœur.
Elle se dresse soudain et se fait le rempart solide
Qui détourne les coups mortels qui tombent, sordides,
Et nous frappent sans fin d’avoir été aussi candides.
 

Oui, ma liberté d’aller où je veux tant me rendre
S’est donnée contre cette bête avide de se répandre
Et de broyer, transporté par nos corps malades,
Nos frères dans nos foyers, nos hôpitaux, nos Ehpad,
Livrés à la solitude abjecte, inhumaine, si violente !
Emprisonnée entre ces murs, elle  se lamente,
De votre égoïsme indécent, de votre vanité démente !

 
Car vous pouvez bien applaudir à la nuit qui tombe,
Ceux  qui s’acharnent auprès de ceux qui succombent,
Les yeux rougis d’avoir tant et tant vainement donné !
Vous pouvez bien les applaudir si vous-mêmes ne donnez
Ne serait-ce qu’un peu de ce peu que vous jugez essentiel !
Aller et venir librement me direz-vous est un don du ciel,
Mais le donner librement vous dirais-je est plus qu’essentiel !

 
Notre liberté claquemurée derrière nos portes fermées
Est le don de l’amour des plus fragiles qui a germé !
Qu’elle est douce ainsi offerte avec joie en tribut
Pour le retour du temps béni où divaguer sans but
D’une franche accolade à une poignée de main virile,
D’une bise amicale à un tendre et divin baiser sans péril !
Offerte aujourd’hui elle jaillira plus vive de l’asile !

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